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Que demande le peuple ? C'est bien loin du cynisme, et même tout à son opposé, quelque part du côté de la compassion, de la sincérité,

de l'amour fou que le nouvel ouvrage d'Archibald Aki s'interroge...

Après du Vivant des Gueux et du Ciel & de la Terre, le lecteur retrouva 

dans ce texte bien plus court, condensé autour d'une anaphore fondatrice,

la voix libertaire du dramaturge, comédien et illustrateur, voix au timbre

de laquelle s'épousent tendresse et humour, voix qui ne s'abstient pas

de bousculer la langue, de chahuter sa chair, de percuter l'oreille.

De ses jeux de rimes devant l'abîme, vous riez, et vous pleurez, drôlement poignant ce bras de fer pour vaillant petit pot de terre.

Au fait, le peuple, c'est lui ? oui, le peupl'-narrateur, c'est cet homme qui écrit depuis Dakar, dans un café-théâtre qu'il a baptisé le Petit Keur. Le peupl' c'est aussi cet enfant qui vient de naître, qui ne sait encore lui ; c'est le type qui regarde beaucoup les séries télé ; c'est celle qui croit transmettre la culture à des mômes ;  c'est celle qui est satisfaite ou celui qui ne le sera jamais ; c'est un qui se bat à côté d'un autre qui s'en fout, toujours, de tout ; c'est cet être humain qui voudrait vraiment faire l'amour.

Les portraits, scènettes de la vie moderne, se succédent sous un seul et même pseudo : le peuple. Nouveaux caractères anonymes, les gens sont là sur scène, en prise avec une globalité qui les malmène. On devine bientôt au travers le spectacle absurde du quotidien, des regards inquiets et des mains tendues. De la masse informe, émergent des singularités, familières ou étrangères, odieuses ou aimables, nouées les unes aux autres, dans un livre qui finalement pose une autre question : que demande l'humain ? 

 

 

EXTRAIT • premières lignes

 

Le peupl’ y veut d’la vie,
Le peupl’ y pense à la mort,
mais pas trop,
juste assez, vu qu’y connaît,
Le peupl’ ça l’obsède jusqu’à l’empêcher de respirer

Le peupl, y s’fait payer un verre
Le peupl, y paye un verre
Le peupl, y s’fait payer un verre
Le peupl, y paye un verre
Le peupl, y s’fait payer un verre
Le peupl, y paye un verre
Le peupl, y boit  
Le peupl, y boit
Le peupl, y boit
Le peupl, y s’fait chier à déclarer ses impôts,
Le peupl, y comprend rien à ces conn’ries
Le peupl, y voudrait pas les payer,
Le peupl, y est content quand y a des routes 
                et du tout-à-l’égout
Le peupl, y essaie de deviner combien y sont payés 
        les gars qui font les lois et tout ça,
Le peupl, y sait la magouille de partout, que l’argent 
qu’il met sur son compte n’a pas la même valeur 
que pour son banquier,
Le peupl, y spécule sur qui l’entube le plus, 
le gars qui fait les lois, le gars qui tient sa banque, 
et les autres gars comme le patron du patron du patron de son patron qui dîne ce soir 
avec les deux autres,
Le peupl, y paye pas ses impôts,
Le peupl, y paye ses impôts,
Le peupl, y s’fait niquer,
Le peupl, y s’fait niquer,
y essaie de niquer un peu,

Le peupl, y habite le quartier,
Le peupl, y est heureux, y connaît tout le monde,
Le peupl, y en a ras-le-cul du quartier,
y voudrait connaître le monde,

 

...

Le Peupl' • Archibald Aki

13.00€Prix

Archibald Aki

Après avoir joué sa pièce dans les bistrots et les théâtres de Paris,

Archibald Aki vit à Dakar où il anime des ateliers au sein du "Petit Keur" qu'il a fondé, organise des expositions et continue d'écrire.

 

"Se nourrissant l’une l’autre, l’écriture et l’illustration ont, dans l’univers d’Archibald Aki, grandi ensemble comme deux gamins inséparables dans la rue, se cognant parfois et se réconciliant toujours. Liant expressionnisme et psychanalyse à une naïveté submergée,

Aki dessine à la rature, comme si chaque essai était important, repassant sur les traits échoués à la manière d’une diseuse de bonne aventure qui chatouille les lignes de vie d’une main en s’étonnant des cicatrices…"

source : upside art

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